Comment optimiser la consommation d’un camion de 32 tonnes ?

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Camion de 32 tonnes sur une route ensoleillée entourée de champs verts

Un camion de 32 tonnes engloutit, en moyenne, entre 32 et 38 litres de gazole pour parcourir 100 kilomètres. Pourtant, un simple écart de 3 % sur la consommation annuelle d’une flotte suffit à faire s’envoler ou s’alléger la facture de plusieurs milliers d’euros. Croire que seuls la charge transportée ou le type de trajet dictent le passage à la pompe serait une erreur : d’autres leviers, souvent négligés, s’invitent dans l’équation.

Maintenance négligée, pneus mal choisis, conduite peu adaptée : autant de grains de sable qui alourdissent la note énergétique. Pourtant, certaines sociétés parviennent à rogner jusqu’à 10 % sur leur budget carburant, sans même toucher à leur flotte, simplement en affinant pratiques et outils de suivi.

Pourquoi la consommation d’un camion de 32 tonnes est-elle un enjeu majeur ?

Ici, la consommation d’un camion de 32 tonnes pèse bien plus qu’une simple colonne sur un tableau de gestion. Pour une entreprise de transport, le carburant grignote entre 25 et 35 % des frais d’exploitation. Chaque litre économisé gonfle les marges, chaque gaspillage grève les comptes. À l’échelle nationale, l’impact prend une ampleur déconcertante.

Le secteur du transport routier de marchandises, en France, rassemble près de 37 000 entreprises et fait circuler environ 600 000 véhicules. Résultat : plus de 53 milliards d’euros de chiffre d’affaires générés chaque année. Si la consommation moyenne varie selon la taille, la charge ou le type de trajet, un mastodonte de 40 tonnes tourne autour de 33 l/100 km. Pour un seul véhicule, la note annuelle s’établit entre 50 000 et 60 000 euros rien qu’en carburant.

L’impact va au-delà des finances. Les émissions de CO2 issues des poids lourds représentent déjà un quart de celles du secteur transport dans l’Hexagone. L’Union européenne, pressée par l’urgence climatique, prévoit d’en finir avec les camions diesel neufs d’ici 2040. Les professionnels du secteur se retrouvent donc face à une double injonction : réduire les coûts et anticiper des mutations réglementaires qui s’annoncent radicales.

Voici les trois axes majeurs à retenir :

  • Coûts d’exploitation : le carburant vient juste après la masse salariale dans la liste des dépenses.
  • Environnement : les camions sont responsables d’un quart des émissions de CO2 du transport.
  • Transition : la disparition programmée du diesel neuf impose une maîtrise accrue de la consommation.

Les principaux facteurs qui font grimper la facture de carburant

Le diesel reste le pilier du parc poids lourds français : 95 % des camions carburent encore au gazole. Les alternatives, GNV/GNL, biogaz, B100, électricité, progressent, mais restent très minoritaires. Le prix du carburant, instable, pèse lourd sur le budget d’un véhicule de 32 tonnes.

La résistance au roulement des pneumatiques n’est pas un détail technique. Entre deux modèles, la différence peut dépasser 4,5 l/100 km. Opter pour des pneus à faible résistance, vérifier régulièrement la pression via un TPMS (système de contrôle de pression), organiser des contrôles périodiques : chaque geste influe sur la consommation. Une pression insuffisante, même minime, entraîne une surconsommation immédiate.

Le style de conduite joue, lui aussi, un rôle de premier plan. Accélérations franches, freinages à répétition, moteur qui tourne à l’arrêt pendant les livraisons ou les attentes : autant de litres envolés. Rouler à 90 km/h sur l’autoroute, au lieu de 85, majore la dépense de 2 à 3 litres tous les 100 kilomètres.

Il faut aussi compter avec la charge utile, la météo, le relief, sans oublier le type de parcours. Un camion au maximum de son tonnage, sur des routes vallonnées et affrontant un vent de face, voit sa consommation s’envoler. Les moteurs Euro 6 réclament, en plus, un appoint d’AdBlue : une dépense supplémentaire à ne pas négliger. Quant au remboursement partiel de TICPE accordé aux transporteurs, il allège la note, mais ne compense pas un pilotage défaillant des aspects techniques ou humains.

Quelles techniques d’éco-conduite font réellement la différence ?

Formation à l’écoconduite : la clé du progrès

La formation à l’écoconduite change la donne sur le terrain. Les retours d’expérience, notamment ceux de centres comme CGI Formation, font état d’une réduction moyenne de 1,78 L/100 km après passage des conducteurs sur simulateur ou sur route. Certains profils parviennent même à baisser de 15 % leur consommation. Les dispositifs CEE (Certificat d’Économies d’Énergie) encouragent d’ailleurs l’adoption de ces pratiques performantes.

Gérer l’allure, anticiper, doser

Adopter une conduite souple, c’est l’assurance de limiter la consommation. Maintenir une vitesse régulière avec le régulateur, éviter les accélérations brusques, doser les freinages : autant de réflexes payants. Anticiper la topographie, ralentir avant une montée, profiter de l’élan en descente, permet d’éviter les coups de frein et d’accélérateur superflus. Sur autoroute, passer de 90 à 85 km/h fait gagner jusqu’à 2 L/100 km, sans vraiment rallonger le trajet.

Pour illustrer ces pratiques, voici trois conseils concrets à appliquer au volant :

  • Utiliser le frein moteur dès que possible
  • S’appuyer sur l’inertie du véhicule en descente
  • Éteindre le moteur lors des arrêts prolongés

La télématique embarquée et les systèmes d’analyse comportementale offrent un suivi personnalisé. Les gestionnaires de flotte cernent en temps réel les marges de progression. Les solutions proposées par Webfleet ou Transeco2, par exemple, livrent des données précises pour adapter les formations et piloter la dépense carburant. L’attitude au volant reste, plus que le modèle du camion, la variable qui pèse le plus lourd dans la maîtrise des litres et des émissions de CO2.

Conducteur de camion ajustant les réglages du tableau de bord en plein jour

Outils et méthodes pour estimer et suivre sa consommation au quotidien

Surveiller la consommation d’un camion de 32 tonnes, c’est un travail de tous les instants. Les professionnels s’appuient d’abord sur la télématique embarquée, qui s’est imposée chez tous les constructeurs. Les solutions Webfleet, par exemple, affichent en temps réel la consommation carburant à chaque trajet, en analysant la charge, la vitesse et le relief rencontrés. Les responsables de flotte accèdent à des comparatifs rigoureux : un Mercedes Actros tourne autour de 29-31 L/100 km, un Scania R450 peut descendre à 28 L/100 km selon les configurations.

Pour un suivi encore plus fin, certains transporteurs choisissent des dispositifs comme la Transeco Box : ce boîtier mesure la distribution de carburant, croise les données avec les kilométrages, et repère toute anomalie. On obtient ainsi une traçabilité complète, idéale pour détecter les dérives ou les consommations anormales.

À l’échelle européenne, le logiciel VECTO sert de référence pour estimer la consommation énergétique des véhicules neufs. Il permet de comparer objectivement, à configuration équivalente, un DAF XF (30-33 L/100 km) avec un MAN TGX ou un Volvo FH sur des bases homogènes. Ces outils numériques ouvrent la voie à un pilotage transparent et réactif du budget carburant.

Au quotidien, ces dispositifs permettent :

  • Une analyse précise de chaque itinéraire : quantité de carburant, vitesse moyenne, arrêts moteur
  • Des comparaisons entre véhicules et conducteurs : repérer rapidement les écarts et cibler les axes d’amélioration

Capables de collecter et d’exploiter des données sans alourdir le quotidien des conducteurs, ces solutions affinent les stratégies de gestion flotte. Résultat : la consommation se rapproche, enfin, des objectifs fixés.

À l’heure où chaque litre compte, optimiser la consommation d’un camion de 32 tonnes n’a plus rien d’un simple ajustement. C’est un levier de transformation, aussi bien pour la rentabilité que pour la planète. Les entreprises qui saisissent cet enjeu prennent une longueur d’avance, et demain, sur la route ou au tableau de bord, la différence se lira jusque dans les chiffres.